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mulgués dans l’intérêt de cette ville, soit pour faire observer la discipline, soit pour empêcher les pillages, maintenir l’exercice des deux cultes, et procurer par ces moyens une aisance et une sécurité relatives, ils voyaient d’un mauvais œil leurs charges s’aggraver chaque jour davantage par l’entretien des troupes de plus en plus nombreuses qui formaient dans la ville garnison, par la multiplicité des emprunts forcés ordonnés par le jeune prince, et surtout par la construction de deux forts que celui ci, contrairement aux anciens privilèges, avait voulu élever, l’un à l’ouest de la ville, sur l’emplacement même du couvent des Jacobins, l’autre à l’est, à la porte du Pin[1]. Aux plaintes réitérées des autorités agenaises, Biron répond « qu’il a trouvé le Roy de Navarre en fort bonne disposition », et il les assure « que ledit Roy est tout plein de très bonne volonté, dont nous ne pouvons espérer que toute bonne yssue de son bon zèle[2]. » Malgré ces assurances, le Béarnais maintenait ses dispositions défensives et évitait pour ce motif de revenir à Agen.

Biron eut le dernier mot. Il obtint que les garnisons seraient retirées de cette ville, le jour on y installerait la chambre de l’Édit ; et, le 30 mai 1578, les nouveaux conseillers ayant fait leur entrée, le roi de Navarre, arrivé la veille, remit aux Consuls les clefs de la cité, leur demandant toutefois de lui rester fidèles. Henri n’avait pas regagné Lectoure, où il s’établissait plus solidement encore, que « tous les forts et marques de guerre » étaient déjà rasés dans Agen.

    première. Cette accusation, inventée à plaisir pour la première fois par un libelle ligueur de 1586, L’avis d’un catholique anglais, relevée déjà énergiquement par Duplessis-Mornay dans sa Lettre d’un gentilhomme catholique français, contenant brève réponse aux calomnies d’un certain prétendu anglais (Mémoires de la Ligue, t. v, in-4o, p. 437), mais de nouveau accréditée par quelques-uns de nos anciens annalistes, Labénazie, Labrunie et naturellement Saint-Amans à la page 398 du tome premier de son Histoire du département de Lot-et-Garonne, a été définitivement jugée et reconnue fausse de toutes pièces par M. Ph. Tamizey de Larroque, à la page 343-344 du tome xvii de la Revue de Gascogne et, en même temps que lui, par une substantielle note de M. O. Fallières, le consciencieux éditeur de l’Abrégé chronologique de Labrunie, aux pages 116-118 du tirage à part de cet ouvrage. Une fois pour toutes il a été fait par eux justice de ces ridicules et invraisemblables accusations.

  1. Voir, pour tout le séjour d’Henri IV à Agen à cette époque, la remarquable étude de M. G. Tholin, La ville d’Agen pendant les guerres de religion, chapitres x et xi, parue seulement dans la Revue de l’Agenais, tomes xvi et xvii, et dont malheureusement il n’a été fait aucun tirage à part.
  2. Lettres du maréchal de Biron : Op. cit.