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Le lundi 5 décembre, ladicte dame disne à La Réolle, souppe et couche à Marmande.

Le mardi 6 décembre, ladicte dame disne à Marmande, souppe et couche au Port-Sainte-Marie.

Le mercredi 7 décembre, ladicte dame disne au Port-Sainte-Marie, souppe et couche à Agen.

Du jeudi 8 décembre au samedi 31, la dicte dame et tout son train à Agen.

(Dépenses totales pour ce mois de décembre, 2 166 écus, 2 sols, 4 deniers. Payé seulement 2 142 écus).

Dans sa première entrevue avec le Roi de Navarre, Bellièvre, nous l’avons vu, ne réussit pas. Le capitaine Charles de Birague, « un de ces Italiens à l’esprit souple dont Catherine aimait à s’entourer[1] », se montra plus habile, et à force de finesse et de diplomatie obtint d’Henri de Bourbon qu’il consentirait à recevoir une seconde fois l’ambassadeur officiel d’Henri III, qui, dans l’espoir d’être rappelé, n’avait point quitté Bordeaux.

À quel moment et à quelle date cette seconde entrevue entre Henri de Bourbon et Bellièvre eût-elle lieu ? Fût-ce à Mont-de-Marsan, comme tout porte à le croire, ville où demeura le Roi de Navarre tout le mois de décembre, et aussi la première quinzaine du mois suivant ? Aucun auteur ne l’a précisée. En tous cas Marguerite, de plus en plus découragée, ne cesse d’écrire à son avocat les lettres les plus pathétiques, le suppliant d’intercéder de nouveau pour elle et, comme la première fois, de chercher par tous les moyens possibles à améliorer son misérable sort.

« Monsieur de Belièvre, le sieur de Praillon, vous dira la response que j’ai eue. Je vois bien que je ne puis fuir ni esviter le malheur de ceste veue. Ce n’est le premier et ne sera le dernier que je croi qui me viendera de tele part. C’est le propre de la fortune de dominer sur les actions extérieures, non sur les voulontés. Mes puisque ma vie est reduicte à la condision de cele des esclaves, j’obeire à la forse et à la puisance à quoi je ne puis resister ; et estant ma misère telle, j’estime ancore avoir resu de l’heur par la venue du sieur Praillon qui m’a donné assurance d’avoir relache de

  1. Étude sur Marguerite de Valois, par le comte H. de La Ferrière, 1885.