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bien des difficultés pendantes. Des deux côtés, en se quittant, on se

montra fort satisfait.

« Messieurs, écrivait quatre jours après le Roi de Navarre aux membres de la chambre de justice de Guienne établie à Bordeaux, estant assez persuadé de la bonne volonté et affection que vous avez à l’édit de pacification, pour lequel vous avez esté envoyés par le Roi mon seigneur en ce pays de Guienne, il m’a semblé estre convenable que, sur la diversité des opinions que plusieurs peuvent avoir eues de mon voiage et acheminement en ces quartiers, je vous depvais escrire la présente pour vous dire que, ayant accompagné la Royne ma femme jusques au lieu de Saint-Maixant, la Royne sa mère nous a voulu tant honorer et favoriser qu’elle s’est peinée en son aage et indisposition de s’approcher de nous de deux lieues, et s’est rendue à La Mothe Saint-Éray, où nous la sommes aller trouver, y aiant demeuré trois jours, et nous estant despartis avec une telle démonstrance d’amitié et bienveillance que nous pouvons désirer les uns des autres, comme aussi avec une asseurance que ladite dame Royne m’a aussi donné de la bonne volonté et intention du Roy mon seigneur à l’establissement de la paix et nous faire jouyr du bénéfice d’icelle en tout ce qui concerne l’exécution de son dict édict ; qui est cause que, avec son advis, j’ay escript aux Églises réformées des provinces de m’envoier de leurs députés pour leur faire entendre la volonté et intention du Roy mon seigneur et la mienne, conforme à la sienne, etc.[1] »

Et le même jour, 4 avril, de Melle, à M. de Scorbiac : J’ay enfin veu la Reyne Mère du Roy, mon seigneur, et l’ay conduicte jusques à trois lieues de Poictiers. Je suis demeuré très satisfaict de son entrevue, et croy-je qu’elle produira beaucoup de fruicts… Je m’en revay à Sainct-Jehan et de là à La Rochelle, résolu de séjourner en ces cartiers de deça jusques à la fin du moys prochain, affin d’oster le plus qu’il me sera possible les occasions de deffiance[2].

La Reine-Mère quitta La Mothe Saint-Heray le samedi matin 31 mars. Elle emmenait avec elle sa fille Marguerite dont les coffres et les bahuts, qui emplissaient plusieurs charrettes, avaient été expédiés de

  1. Archives historiques de la Gironde. Lettres publiées dans les Actes de l’Académie de Bordeaux, 1865, p. 458. — Cf. Lettres missives, Supplément, t. viii, p. 223.
  2. Lettres missives, t. i, p. 446.