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agréable et y avait si heureusement advancé qu’il verroit par les

lectres joinctes aux siennes, qui estoient escriptes de la main de ladite princesse, qu’il ne tiendroit plus qu’à luy qu’il ne feust content, y ayant disposé le roy son mary, exhortant ledit sieur prince par l’amitié qu’elle lui portait, d’apporter de sa part à ung si bon œuvre tout ce qui pouvait despendre de luy ; ne voulant pas, quant au reste, luy faire des remonstrances, mais bien luy dire et asseurer que le Roy son mary et luy, en cédant un peu au temps, advanceront en peu d’années plus les affaires de leur party par leur seule aucthorité, qu’ils n’avoient jamais faict avec toutes leurs armes. »

« Les lettres de ladicte princesse, ajoute La Hugherie, estoient pleines d’amitié et de désir de le voir pour une bonne occasion, louant Dieu de ce qu’il l’avait conservé parmy tant de périls, pour une si bonne fin[1]. »

En revanche, Henri de Navarre répondit à ce moment à Théodore de Bèze, « l’oracle vénéré du parti protestant, » qui n’avait ménagé au roi ni ses conseils, ni ses remontrances assez raides pour avoir aussi facilement engagé par ce nouveau traité les intérêts du parti réformé, deux lettres très belles où il lui expose les raisons qui l’ont déterminé à la conclusion de la paix, le remercie de ses salutaires avis, le prie de les lui continuer, fait allusion « à ceux qui veulent bastir leur grandeur par la ruine des aultres », et se montre sensible aux reproches que lui avait adressés le ministre de Dieu, à propos de sa cour. « Je reconnais la charge que Dieu m’a commise et ne souchaite rien de plus, sinon qu’il me fasse la grâce de m’en pouvoir acquitter dignement. À quoi j’ay deslibéré de m’employer à bon escient et de régler ma maison, confessant à la vérité que toutes choses se sentent de la perversité des temps[2]. »

Vaines promesses qu’emporteront et le tempérament du Roi et l’esprit de licence excessive qui souffle de tous côtés en cette fin du XVIe siècle.

Le dimanche 27 novembre, ladicte dame et son train disne audit Fleix, souppe et couche à Gurson.

Le château de Gurson appartenait, comme celui de Fleix, à Germain Gaston de Foix, marquis de Trans, de la grande maison de Foix-Can-

  1. Mémoires de Michel de la Hugherie, Éd. de Ruble, t. ii, p. 111.
  2. Lettres missives, t. i, p. 330 et 351.