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La guerre touchait à sa fin. Si Monségur, en Bazadais, fut vaillamment conquis à ce moment et conservé par le capitaine Meslon, un des meilleurs lieutenants du roi de Navarre, ce dernier, malgré plusieurs attaques, n’avait pu reprendre Mont-de-Marsan. Sa petite armée commençait à se décourager. Il était temps de suspendre les hostilités.

Comme toujours, Marguerite était toute indiquée pour entamer les négociations. Elle fut aidée dans cette mission délicate par son dernier frère, le duc d’Anjou, qui ne cessait de convoiter le royaume de Flandres et qui avait besoin pour organiser son armée de recruter le plus grand nombre possible de gentilshommes français ou gascons.

La paix entre les deux partis rivaux était donc pour lui une nécessité. Il résolut de s’y employer de toutes ses forces, et, poussé par sa sœur Marguerite, il obtint du Roi son frère d’être accepté comme médiateur. Bellièvre et Villeroi l’accompagneraient en Guienne et en Gascogne.

Le roi de Navarre de son côté résolut d’accepter ses ouvertures.

« Messieurs, écrivit-il à ceux des Églises, combien que les armes, que nous avons prinses pour nostre deffense et pour l’inexecution de la paix qui avoit été accordée, soient daultant plus légitimes qu’elles nous sont nécessaires, et qu’avec juste occasion nous les puissions retenir… toutefois, considérant les misères et calamitez que la guerre a portées, ayant compassion du pauvre peuple qui en souffre, induict et convié par tant de bonnes demonstrations que Monsieur nous faict de vouloir procurer la paix, se rendre moyenneur et protecteur d’icelle… j’ay estimé que nous ne pouvions justement fermer l’oreille à telles et aultres grandes occasions qui se présentent maintenant… Mais d’aultant que j’ay toujours eu désir de me tenir entièrement uni et conjoint avecques vous, aussi n’ai-je rien voulu traicter et accorder, sans vous en communiquer. Etc.[1] »

Henri de Navarre ne trouva aucune opposition dans son parti, et la paix fut résolue. L’entrevue devait avoir lieu sur les bords de la Dordogne, soit à Libourne, soit à Sainte-Foy. Ordre fut donc donné à toute la cour de quitter Nérac ; ce dont Marguerite ne dut point se montrer mécontente.

  1. Lettres missives, t. i, p. 319.