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sont jetés : ce qui, à mon opinion a empesché que l’on ne les ait assiégés,

s’estant batus devant Castels (pour Casteljaloux), où ils ont rapporté quelques enseignes. Depuis M. le Maréchal de Biron s’est résoleu de passer la rivière pour venir à Agen, au passage de laquelle le Roy mon mary l’attend depuis huict jours, de sorte qu’ils ne peuvent passer sans se battre. Jugez, je vous supplie, en quelle peine je puis estre, ma Sibille ; si vous plaignez ma douleur, je l’en estimeray moindre. Je vous supplie, parlant à la Royne ma mère, faites luy souvenir de ce que je luy suis et qu’elle ne me veuille rendre si misérable, m’ayant mise au monde, que j’y demeure privée de sa bonne grâce et de sa protection. Si l’on faisait valoir le pouvoir de mon frère, nous aurions la paix : car c’en est le seul moyen[1]. »

L’ardeur belliqueuse des premiers jours s’est, on le voit, calmée dans l’esprit de Marguerite. Elle comprend, avec son mari, que pour le moment il n’y a rien à gagner à continuer les hostilités.

Août 1580

Du lundi 1er août au mercredi 31, ladicte dame et tout son train audict Nérac.

(Dépenses totales pour ce mois d’août 2 074 écus, 3 sols. Payé seulement : 1 436 écus, 12 sols, 3 deniers).

Durant tout ce mois d’août, les deux partis restent en présence, sans cependant prendre contact. Les premiers jours, Biron séjourne à Agen, où il reconstitue assez péniblement son armée, décimée, on l’a vu, par la maladie, « que l’on appelle Michelle, qui est comme la coqueluche, mais plus véhémente[2]. »

Henri de Navarre, ou tout au moins quelques-unes de ses troupes, commandées par ses meilleurs lieutenants, se tient sur la rive opposée dans le Bruilhois, prêtes à s’opposer à toute tentative du maréchal. Ce qui n’empêche pas le Vert-Galant de revenir plus souvent qu’il ne faudrait peut-être à Nérac, où sa présence est de plus en plus recherchée. Mais laissons parler Marguerite elle-même :

  1. Bibl. nat. Fonds Béthune, vol. 8890, fol. 56. — Cf : Guessard, p. 211.
  2. Lettre du maréchal de Biron au Roi du 3 août 1580. (Archives historiques de la Gironde, t. xiv, p. 166.)