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Enfin, le 4 novembre, il craint tellement que les affaires ne se brouillent de ce côté qu’il lui donne rendez-vous dans son comté de Foix. « J’ay deslibéré n’y espargner pas mesme ma propre personne, et pour ce faict m’acheminer en peu de jours en mon comté de Foix ; vous priant aussi de vous approcher, à ce qu’estant plus près du mal, nous puissions y apporter ensemble plus promptement le remède qui sera requis et nécessaire pour l’establissement du bien et repos public[1]. »

Dans ces deux mois de septembre et octobre, Henri de Navarre ne reste que peu de temps à Nérac. Les 6 et 7 septembre, il est à Pau, puis à Eauze. Du 10 au 22 à Nérac, du 23 au 25 à la chasse à Casteljaloux. Il repart de Nérac le 11 octobre, va à Tonneins passer une partie de ce mois, et ne rentre que le 25 à son château de Nérac.

Marguerite, elle, ne bouge pas de Nérac.

Novembre 1579

Du dimanche 1er novembre au lundi 30, séjour à Nérac avec tout le train.

(Dépenses totales pour ce mois : 2.150 écus, 37 sols, 9 deniers. Payé seulement 1.460 écus, 25 sols, 6 deniers.)

Même repos pour Marguerite et son train, à Nérac, pendant tout ce mois de novembre. Soit pour des motifs politiques, soit à cause de la mauvaise saison, la Reine de Navarre n’accompagna point son mari en pays de Foix, où se tint, dans la seconde moitié du mois, à Mazères une importante réunion des chefs réformés.

Les lettres d’Henri de Navarre de cette époque nous édifient pleinement sur le but poursuivi. En apparence, il cherche à pacifier le Languedoc. En réalité, il se prépare à la guerre. Dupleix nous donne d’intéressants et sûrs détails sur ce qui fut décidé à cette dernière conférence. « Le Roy de Navarre estant en la ville de Mazères au comté de Foix, les dépputez des églises de Languedoc et de Daufiné l’y vindrent trouver pour lui représenter les infractions que les catholiques faisaient aux édits de pacification, et se résoudre avec lui de ce qu’ils avaient à faire. Luy, qui ne vouloit point rompre légèrement de son costé, les admonesta de temporiser un peu, en

  1. Lettres missives, t. I, p. 254-253.