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« Gages de Nicolas Léon, joueur de farces[1], etc. »

Et, avec cela, de continuels achats de confitures, « tant d’abricots que de poires de safran, apportées de Tours », de pâtes d’Italie, de boîtes de dragées, « pour porter aux filles d’honneur », de massepains surtout « pour porter, par ordre du Roi, dans la chambre de Fousseuse, fille d’honneur de la Reine ». Enfin « à Raymond de Laliève, apothicaire et valet de chambre du Roi, 483 livres, 7 sols, 6 deniers tournois, pour plusieurs parties de confitures de Gênes, par lui fournies au Roy et en diverses foys dont il a fait des collations aux filles de la Reine, sa femme et de Madame la Princesse, sa sœur, etc.[2] ».

Fosseuse joue dès ce moment un grand rôle dans les dépenses du Roi de Navarre. On ne peut mettre en doute qu’elle était friande ; et Henri de Navarre ne recule devant aucun obstacle pour contenter ses caprices d’enfant gâté. Rien encore d’ailleurs de bien sérieux entre eux. Marguerite l’écrit ingénuement :

« Durant tout ce temps-là, le roy servait Fosseuse, qui dépendant du tout de moy, se maintenait avec tant d’honneur et de vertu, que si elle eut toujours continué de cette façon, elle ne fut tombée au malheur qui depuis luy en a tant apporté et à moy aussi[3]. » Son père du reste se montrait-il bien irrité des poursuites du Vert-Galant ? On sait qu’elle était fille de Pierre de Montmorency, marquis de Thury, baron de Fosseux et de Catherine d’Avaugour. Or, dans le même livre des Comptes du Roi, recueil trop indiscret décidément, nous lisons : « Au sieur de Fosseuse-Montmorency, payé 114 écus pour certaines bonnes et justes raisons[4]. »

Le grave Sully lui-même subit le sort commun, lorsqu’il nous dépeint ainsi la Cour de Nérac en 1579. « Le Roy et la Reine de Navarre et Madame, sœur du Roy, s’estant retirez à Nérac, la Cour y fut un temps fort douce et plaisante ; car on n’y parlait que d’amour et des plaisirs et passe-temps qui en dépendent, auxquels vous (pour je) participiez autant que vous (idem) pouviez, ayant une maistresse comme les autres[5].

Et d’Aubigné, le rigide censeur : « La Cour de Nérac se faisait florissante en brave noblesse, en dames excellentes, si bien qu’en tou-

  1. Archives des Basses-Pyrénées. B. 2380.
  2. Idem, B. 2374, 47, 46, etc.
  3. Mémoires de Marguerite, éd. Charpentier, p. 218.
  4. Archives des Basses-Pyrénées, B. 163.
  5. Œconomies royales. Collect. Petitot, p. 285.