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porté et conduit Sa Majesté la Reine, Madame et leur suite, de Moissac à Agen, 80 livres[1]. »

D’où l’on peut conclure que Marguerite préféra rentrer par eau, en descendant le cours de la Garonne, avec sa belle-sœur Catherine de Bourbon et tout son train.

À côté nous lisons également : « À l’argentier, 67 sous tournois qu’il a payés le dimanche 2 août par ordre du Roy, partant de Layrac pour aller disner à La Fotz, chez le sieur de Bajaumont, savoir : au batelier qui passa la rivière à dix-huit ou vingt chevaux, demi-teston, et à une troupe de mariniers qui dansaient sur le bord de la rivière, pour leur vin, un écu sol[2]. »

La Reine Marguerite rentra donc de Montauban à Nérac par Moissac, Lafox et Agen, du 1er au 6 août 1579.

Le 7 août toute la Cour était à Nérac. Ce jour-là en effet le Roi de Navarre écrivait, de ce lieu, une lettre à Biron, au sujet du démantellement du château de Langon, toujours occupé par les catholiques[3].

Du 7 au 11 août, séjour audict Nérac.

Les livres des Comptes de la Reine de Navarre, et par suite son itinéraire, reprennent à la date du 12 août.

Du mercredi 12 aout au lundi 31, ladicte dame et tout son train audict Nérac.

(Total des dépenses pour le mois d’août : 2 137 écus, 26 sols, 1 denier. Payé seulement : 1 774 écus, 3 sols).

Cet été de 1579 fut véritablement l’âge d’or de la petite Cour de Nérac. Au souffle des brises embaumées de la Baise, les orages de Pau se sont dissipés, et l’on n’entend plus parler que de fêtes et de chasses, que de bals, que d’amour, que de récréations de toutes sortes. Marguerite est bien la reine de son joli royaume ; et cette souveraineté, elle l’exerce avec sa grâce habituelle. Les deux partis ont le libre exercice de leur religion. Entre eux plus de jalousie, plus de haines réciproques. Il semble qu’une bonne fée ait étendu sur tous sa baguette bienfaisante et qu’une ère de paix se soit ouverte pour de longues années.

  1. Archives des Basses-Pyrénées. B. 48. Comptes pour août 1579.
  2. Idem.
  3. Lettres missives. t. v, p. 139-140.