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riches tapisseries « de taffetas vert », les violons, les comédies, les bals ne furent pas épargnés. Et si le récit que fait de cette mémorable entrée M. Bascle de Lagrèze se trouve quelque peu fantaisiste, l’aimable auteur, en nous décrivant sa litière « à piliers doublés de velours incarnadin d’Espagne, en broderie d’or et de soie nuée à sa devise », en se complaisant dans les mille détails de la toilette de Marguerite, de ses filles, de sa brillante escorte et de toutes les fêtes qui furent célébrées les premiers jours, ne paraît guère s’être écarté de la vérité[1]. Stériles efforts tentés par Henri de Navarre pour faire aimer à sa femme la capitale du Béarn ! Les haines religieuses allaient vite se raviver et dès ce moment jeter la désunion entre les deux époux.

Le mercredi 17, ladicte dame et partye de son train à Pau, le reste audit Coarraze.

Le jeudi 28, ladicte dame et tout son train tout le jour à Pau.

Du vendredi 29 au dimanche 31 mai, séjour à Pau.

(Total des dépenses pour le mois de mai : 2283 écus, 16 sols, 10 deniers. Payé seulement : 1703 écus, 54 sols, 11 deniers).

Le 30 mai, Marguerite écrit de Pau une nouvelle lettre à Bellièvre, où elle lui rappelle que le « Roi son frère lui a assigné dès l’année dernière la somme de 3008 écus, 6 sols, 8 deniers tournois sur la recepte généralle de Guienne pour le revenu des greffes de Périgueux qu’il lui avait donnés et dont elle n’a pu jouir. » Elle lui demande de s’interposer de nouveau « afin qu’elle en soit payée promptement, pour satisfaire à partie de la despence que je fais en ce voyage[2]. »

Juin 1579

Du 1er juin au 12, séjour à Pau, avec tout le train.

Ce n’était pas en vain que pendant plus de quinze ans Jeanne d’Albret avait fanatisé son royaume. Le Béarn poussait à ce moment jus-

  1. Le Château de Pau, par Bascle de Lagrèze, p. 253 et suivantes.
  2. Lettres inédites de Marguerite de Valois, publiées par Ph. Tamizey de Larroque, 1897, p. 12-13.