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monstration, et est remonté à cheval, m’accompaignant bien près de trois lieues françaises. Estant passez pendant qu’il estoit avec moy par une petite ville appelée Montréal, où ils sont tous catholiques, j’ay commandé aux consulz luy offrir les clefz, ce qu’ilz ont faict. Il a pris cela en très bonne part[1]. »

Là enfin, à Montréal, Henri de Navarre se décida à quitter la Reine-Mère. Était-il aussi sincère que le croit Catherine ? En tous cas, celle ci écrit à son fils, ravie de tant de politesse et de protestations, que sa mission est terminée et qu’elle a dépassé toutes les espérances qu’elle avait pu concevoir.

Et, de fait, tout lui a réussi. Elle avait voulu réconcilier Marguerite avec son mari ? Elle les laisse dans les meilleurs termes possibles. Elle avait espéré rétablir la paix en Guienne et en Gascogne ? L’Édit de Nérac était respecté de part et d’autre. Elle avait tenté de rapprocher son gendre du maréchal de Biron ? Si elle n’avait pu assouplir le caractère brutal de ce dernier, elle avait convaincu Henri de Navarre qu’il était de son intérêt de s’entendre avec lui. Enfin, elle avait enchaîné Damville et rétabli la Guienne et le Languedoc en l’obéissance du Roi.

Catherine pouvait donc s’en retourner tranquille et affirmer au Roi son fils qu’elle n’avait pas perdu son temps.

Henri revint à Mazères où l’attendait Marguerite, qui ne pouvait se consoler du départ de sa mère. Comme elle, déplorons cette séparation et regrettons de ne plus avoir désormais sa volumineuse correspondance, source si précieuse pour nous et la plus autorisée de nos renseignements. Quittons à notre tour la Reine-Mère ; et, nous attachant uniquement à la belle Reine de Navarre, accompagnons-la, selon toujours notre programme, partout où la politique et aussi la fantaisie conduiront ses pas.


Du vendredi 8 mai au dimanche 10, séjour à Mazères avec tout le train.

Le lundi ladicte dame et son train disne à Mazères, souppe et couche à Pamiers.

Du mardi 12 au mercredi 13, séjour à Pamiers.

Les deux époux ne se quittent pas. De Pamiers, Henri de Navarre

  1. Lettre du 8 mai 1579. Fonds français, no 3319, fo 30. — Cf. t. VI, p. 359.