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le capitaine Lestorneau, qui est ung fort mauvais garçon, en sortit et ses soldats aussy, excepté quelques ungs qu’il laissa dans le chasteau, attendant que le sénéchal de Bajaumont et luy y retournent, pour parachever d’exécuter ce qui y est à faire et en bailler la charge au sieur de Lezignan, comme il a été advisé[1]. »

Le mardi 17, ladite dame et tout son train disne au Port-Saincte-Marie, souppe et couche à Nérac.

Du mercredi 18 au jeudi 26, séjour à Nérac avec son train. Marguerite avait hâte de rejoindre son mari, qui, depuis le départ de Catherine, était resté à Nérac. Elle ne se trouva donc pas à Agen, le 17 mars 1579, jour où eut lieu le fameux duel de Turenne et de Duras.

Tous les auteurs se sont occupés plus ou moins de cette affaire. Deux sources, absolument sûres, doivent être consultées : 1° la Correspondance de Catherine, jusqu’à ce jour inédite ; 2° les Mémoires de Turenne lui même, plus tard duc de Bouillon. On connaît l’origine du conflit. Un Durfort, seigneur de Rauzan, gouverneur de Casteljaloux, avait donné l’ordre de n’ouvrir les portes de cette ville à aucun personnage de distinction. Turenne, envoyé par le roi de Navarre, se présenta. Les portes restèrent fermées. Ne pardonnant pas cette insulte, ce dernier rencontra peu après Rozan et le provoqua en duel. Mais l’affaire revint aux oreilles de Catherine, qui, par deux fois, essaya de l’arranger. Il n’en fut rien.

« Mon cousin, écrit-elle le 17 mars d’Agen au maréchal de Damaville, il y a quelque tems que pour quelque léger propos que le sieur vicomte de Turenne et le sieur Rozan eurent ensemble, il s’étoit meu aussi quelque débat entre le sieur dict vicomte de Turenne et de Duras, dont je les avois depuis deux jours mis d’accord. Toutesfoys, ils se sont appelez sans que personne en ait rien sceu, et combattuz cejourd’huy de grand matin sur la grève de ceste ville, s’estans blessez les ungs et les aultres ; je fayz informer par la Chambre du Parlement, etc.[2] »

  1. Lettre du 15 mars. Fonds français, no 3319, fo 14. Cf : t. VI, p. 302. — Cf : Archives mun. d’Agen. BB, 33.
  2. Lettre de Catherine au maréchal de Damville. Fonds français, no 3203, fo 44. — Cf : t. VI, p. 306.