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sanglant, le vautour des agneaux et le grand-duc de Virginie, je rejetai, comme un capuchon, ma tête en arrière, afin de donner, au jeu de mes poumons, l’aisance et l’élasticité susceptibles, et je leur criai, en dirigeant mes yeux vers le haut : « Vous autres, cessez votre discorde. Vous avez raison tous les deux ; car, à chacun elle avait promis son amour ; par conséquent, elle vous a trompés ensemble. Mais, vous n’êtes pas les seuls. En outre, elle vous dépouilla de votre forme humaine, se faisant un jeu cruel de vos plus saintes douleurs. Et, vous hésiteriez à me croire ! D’ailleurs elle est morte ; et le scarabée lui a fait subir un châtiment d’ineffaçable empreinte, malgré la pitié du premier trahi. » À ces mots, ils mirent fin à leur querelle, et ne s’arrachèrent plus les plumes, ni les lambeaux de chair : ils avaient raison d’agir ainsi. Le grand-duc de Virginie, beau comme un mémoire sur la courbe que décrit un chien en courant après son maître, s’enfonça dans les crevasses d’un couvent en ruines. Le vautour des agneaux, beau comme la loi de l’arrêt de développement de la poitrine chez les adultes dont la propension à la croissance n’est pas en rapport avec la quantité de molécules que leur organisme s’assimile, se perdit dans les hautes couches de l’atmosphère. Le pélican, dont le généreux pardon m’avait causé beaucoup d’impression, parce que je ne le trouvais pas naturel, reprenant sur son tertre l’impassibilité majestueuse