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pour la clarté de ma démonstration, j’aurais besoin qu’un de ces oiseaux fût placée sur ma table de travail, quand même il ne serait qu’empaillé. Or, je ne suis pas assez riche pour m’en procurer. Suivant pas à pas une hypothèse antérieure, j’aurais de suite assigné sa véritable nature et trouvé une place, dans les cadres d’histoire naturelle, à celui dont j’admirais la noblesse dans sa pose maladive. Avec quelle satisfaction de n’être pas tout à fait ignorant sur les secrets de son double organisme, et quelle avidité d’en savoir davantage, je le contemplais dans sa métamorphose durable ! Quoiqu’il ne possédât pas un visage humain, il me paraissait beau comme les deux longs filaments tentaculiformes d’un insecte ; ou plutôt, comme une inhumation précipitée ; ou encore, comme la loi de la reconstitution des organes mutilés ; et surtout, comme un liquide éminemment putrescible ! Mais, ne prêtant aucune attention à ce qui se passait aux alentours, l’étranger regardait toujours devant lui, avec sa tête de pélican ! Un autre jour, je reprendrai la fin de cette histoire. Cependant, je continuerai ma narration avec un morne empressement ; car, si, de votre côté, il vous tarde de savoir où mon imagination veut en venir (plût au ciel qu’en effet, ce ne fût là que de l’imagination !), du mien, j’ai pris la résolution de terminer en une seule fois (et non en deux !) ce que j’avais à vous dire. Quoique cependant personne n’ait le droit de m’accuser de manquer de courage. Mais,