Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
L’ÉCRIN DU RUBIS

ressentis la singularité plaisante sous la main de celle qui m’apprit les rites de Leucate.

Arabelle était une jeune veuve appartenant à la meilleure société de New-York. Grande, souple comme une liane, la taille un peu haute qui accentuait sa démarche de félin, elle offrait à l’admiration sous le casque d’une chevelure du pur blond florentin, le plus ravissant visage d’ange que j’aie jamais rencontré. Elle avait au plus haut point le culte de ses dessous et son linge était une véritable folie. Elle y consacrait chaque année une fortune. Elle en changeait autant de fois que de robe, car elle s’était fait une règle d’une harmonie impeccable de chacune avec ses accessoires. Les grands couturiers qui avaient la faveur d’habiller ce corps rival de celui d’Aphrodite lui livraient, en même temps que les nouveaux modèles qu’ils confiaient à sa grâce souveraine pour en assurer le succès, tout l’appareil de juponnage et de lingerie dont ceux-ci s’accompagnaient. Comme elle ne portait jamais deux jours la même parure de chemise et de pantalon, on lui en confectionnait une variété de style assorti pour chacune de ses toilettes. Mais, tandis qu’elle se débarrassait de ses robes quand elles avaient cessé de lui plaire, elle avait de sa chair une passion si jalouse, qu’elle eût cru la profaner