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L’ÉCRIN DU RUBIS

treforts de la rose colline, visibles à l’œil, sont prolongés par la pensée qui dessine, à sa fantaisie, des sommets triomphants. Savez-vous rien de plus joli que ces coins d’épaule entièrement dégagés émergeant de la vaporeuse berthe de dentelle ? Dans ces deux mamelons satinés, pareils à des seins où n’auraient pas encore germé les boutons d’incarnat, il y a le plus perfide et le plus excitant des nus ».

Et le bras, lui aussi, à faire trop parade de sa nudité, n’a-t-il pas perdu peu à peu, à notre regard blasé, l’attrait suggestif de son aisselle et de la grassouillette incurvation de ses lignes à l’intérieur du coude, quand, tantôt modelé dans une gaîne étroite de satin ou de soie qui en accusait les renflements charnus, tantôt livrant avec modestie l’ivoire de sa chair ou son duvet de pêche sous les arabesques d’une dentelle, tantôt jouant avec notre curiosité dans l’ampleur d’une manche qui affinait l’attache de la main, il participait, tout comme la jambe si prostituée aujourd’hui, à ce mystère qu’était alors pour l’amant la découverte d’un corps de Femme ?

Dans le même esprit que M. de Beauregard, Mme Gabrielle Reval, opposant l’une à l’autre la philosophie de deux grands couturiers, accordait sa préférence à Doucet sur Faquin. « Car Doucet, disait-elle, est l’homme qui prépare les défaillances. Ses vêtements voilent, enveloppent et se nouent, les liens de ses corsages et de ses déshabillés sont les armes heureuses des coquettes.