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L’ÉCRIN DU RUBIS

ne fût mise dans le lit d’Assuérus, les Anciens n’ont pas ignoré ce qu’ajoute à la recherche amoureuse la ceinture qui tient et moule les seins et cambre la taille, ni la molle bottine qui gante le pied, ni le cothurne qui élance et grandit sous une démarche nonchalante, ni l’art du drapé et du retroussé qui cache, dessine et découvre tour à tour une jambe dont la nudité enjolivée d’entrelacs de la cheville au gras du mollet, s’éclipse tout à coup dans la gaîne d’un caleçon fendu sous le flou d’une tunique de lin et la pourpre ou l’hyacinthe d’une traînante bassara.

La jarretière, cet infiniment rien dans la parure féminine, mais qui, ainsi que le sonnet, vaut mieux qu’un long poème, n’en voyons-nous pas les dames de condition de l’époque gallo-romaine, en armorier déjà leurs cuisses ? Elles les ornaient d’un luxe de camées et de pierres de couleur qui proclame suffisamment, avant même l’usage des bas-de-chausse, mais en même temps que le petit pantalon dont elles étaient protégées, que ce n’est pas de nous que date la fine corruption des élégances par lesquelles nous avons suppléé aux insuffisances de la nature.

L’effet sur le désir en est irrésistible. Voyez dans l’Arétin le trouble dont est saisi ce petit coquebin à la vue du caleçon bleu et des mules de velours noir que sous sa vertugadin relevée lui découvre astucieusement une Livia quelconque en se baissant devant lui pour ramas-