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L’ÉCRIN DU RUBIS

découvrir la dentelle de point de Bruges d’un pantalon de batiste dont le double volant se drapait sur le côté dans un flot de rubans.

— Vous voyez, me dit-elle, d’un air candide, c’est à peine à la hauteur de ce petit volant.

Et avec timidité elle souleva la fine étoffe qui cascadait d’un demi-pan sur le liseré du bas.

— Mademoiselle, fis-je d’un ton grondeur, vous mériteriez la fessée. Vos jarretières sont trop lâches. Voyez tous ces plis à vos bas ; donnez que je répare ce désordre.

Et négligeant le geste de défense qu’elle esquissait, je glissai mes mains sous ses jupes. J’eus une impression de tiédeur délicieuse quand Alice eut laissé retomber, dans un réflexe de pudeur, le coin de sa robe qu’elle avait relevé. Je sentis sur mes poignets la pression douce des cercles d’étoffes dont je violais la garde, et fermant les yeux pour mieux jouir de l’ivresse de ce contact, j’emprisonnai avec amour mes doigts entre le chaud velouté de la cuisse et les mailles soyeuses. D’une lente caresse je tendis le bas dans toute sa longueur et resserrai sur lui le coulant d’une jarretière de velours nacarat.

— Tournez-vous, lui dis-je alors, tandis que je m’accroupissais sur les talons ; que je voie si c’est bien ainsi.

Et j’inclinai ma tête sous la sphère d’ombre de ses jupons qui, dans la demi-volte de son corps, balayèrent mon visage d’un souffle subtil mêlé à un tourbillon de blancheurs immaculées.