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L’ÉCRIN DU RUBIS

complètement derrière la haie de buis, son mignon fessier vint, dans l’écartement du pantalon, se poser sur mes lèvres !

N’est-ce pas le moment de fixer ici votre souvenir, ma douce Alice, vous qui fûtes pour moi le mannequin à la fois passif et animé sur qui je goûtai, dans une joie sans partage, et chaudes alors de leur vie même, les impressions sensuelles que j’allais si souvent éveiller de leur léthargie dans les garde-robes et les armoires ?

Que de jeux n’imaginai-je pas avec vous, qui, sous les prétextes les plus divers, me livraient toute l’intimité de vos dessous ! L’ignorance où vous étiez de mes desseins dans ce que je vous suggérais ou vous commandais, votre absence de tout soupçon à l’égard des indiscrétions de ma main ou de mes yeux, délivraient ma curiosité de la gêne d’un témoin. J’étais comme seule, ordonnant mon plaisir à ma convenance, le dégustant à petits coups, au gré de mes habiletés et déjà avec le sentiment de ce que l’égoïsme y ajoute de saveur.

Élancée, souple et charmante, déjà très jeune fille, les épaules d’un blanc d’ivoire et veinées de bleu, un teint d’eau de lis, les lèvres rouges comme du sang sur des dents de nacre, l’œil d’un azur foncé dans un cerne mauve qu’avivait le reflet d’or d’une abondante cheve-