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L’ÉCRIN DU RUBIS

dans la tension de mes bras élevés au-dessus de la tête pour faire descendre le fourreau de linon, je captai au passage, mêlé à la moiteur acidulée des poils follets du gousset, le subtil relent ammoniacal dont le sexe avait marbré la chemise.

Sur le dossier d’une chaise, mon pantalon avec son ouverture chiffonnée et maculée m’évoquait l’indécence et l’infirmité des parties basses de notre nature. Vides et flasques, ses jambes brodées figuraient par la pointe de leur large ouverture le sillon de couleur d’ambre que je sentais à nu sous mes jupes quand je croisais les cuisses. Je le passai avec lenteur pour savourer dans le miroir la volupté que je découvrais tout à coup en chacune des flexions de ma jambe. Par quelle association d’idées ma sensualité se trouvait-elle émue tandis que je remontais à la taille ce vêtement discret, que j’en faisais courir la coulisse sur son cordonnet et que d’une main alternée je rabattais soigneusement à l’intérieur, par devant et par derrière, les pans de la chemise ? Pourquoi m’attardai-je avec complaisance à toutes ces minuties ? Je me plaçai sous tous les angles pour juger de l’effet de la mince culotte qui s’animait à mes yeux de toutes les tentations vagues que mon imagination liait à ce qui était pour elle le péché. Je me livrai à tous les mouvements de jambes et de torse pour en tendre et distendre l’étoffe, en faire remonter ou descendre le volant, couvrir ou découvrir un segment de