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L’ÉCRIN DU RUBIS

celles qui ignorent les douceurs de faire à huis clos la toilette du sanctuaire ?

Que vous êtes dans le vrai, chère Elsa, quand me contant les jolis babillages de vos chemises et de vos pantalons, vous m’écrivez : « Je m’habille minutieusement. J’aime les coquets dessous, soignés et coûteux, les ajourements de dentelles subtilement caressants, la transparence suggestive des tissus, l’orgie des volants et des plissés qui nous font un fouillis inextricable où notre pudeur joue à cache-cache avec le désir qui nous cherche et s’y perd. Les délicates parures de lingerie, la finesse d’un bas de soie ténu comme une aile de guêpe, ménagent à mon épiderme des sensations dont je ne saurais dire la suavité. C’est bon de se sentir baignée pour leurs seules délices, dans les amoureuses fluidités de nos voiles secrets. Vous rappelez-vous ces vers du poète :

.....Elle noyait
Sa nudité voluptueusement
Dans les baisers du satin et du linge.

Je m’enfièvre de cette joie quand je suis seule, toute seule. Alors j’ose beaucoup, j’invente des arrangements spirituels, tout à fait charmants. C’est très innocent, trop innocent même, parce que vous n’êtes pas là, mais c’est très doux. Je me sens très désirable et il m’en