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L’ÉCRIN DU RUBIS

rose, mettant à découvert le galbe affriolant du mollet sous la couvaison du jupon court de foulard de Chine où des sachets distillaient à travers des choux de rubans, leur arôme de tubéreuse. Une pirouette mutine sur vos hauts talons, et vous voici, livrant à ma ferveur agenouillée l’enchantement de votre corps juvénile dans la ravissante figuration de sa dernière armure. Encorbellée sur la cambrure de votre corset de satin blanc éventaillé d’argent, votre gorge dissimulait son fruit velouté sous le fin réseau d’une chemise de Malines dont le nœud de ruban qui la retenait à l’épaule évoquait les folies du baiser dans le diabolique recoin de l’aisselle. Vos jambes déliées et pleines évasaient l’amphore de vos hanches sous des bouillons d’amoureuse dentelle, où, vos cuisses enserrées dans une culotte de page Louis XIII, mon regard éperdu cherchait à travers la fermeture bien close l’estompe triangulée du bosquet de Cypris. Un frisson lumineux courait sur l’orient perlé de vos bas, et leurs baguettes d’argent pointées, comme une flèche de Cupidon, vers les volants enrubannés qui cerclaient les genoux, indiquaient à ma main l’escalier dérobé de vos trésors. Puis ce fut le bruit sec du lacet qu’on dénoue, le craquement du corset qu’on dégrafe ; d’une légère inflexion le bras fit glisser l’épaulette de la chemise, et avec elle le pantalon de fine batiste dissipa discrètement sa buée diaphane.

Alors toute nue, les bras croisés sur la nuque, les seins