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L’ÉCRIN DU RUBIS

qui est bien une des âmes les plus délicatement sensuelles de l’époque, par la nudité disparaîtrait le mystère, et le mystère c’est toute la Femme ».

« Plus elle cache, emmitoufle, assourdit, pour ainsi dire sa beauté, note également M. Octave Uzanne, plus la Femme, créature d’enfer qui fait rêver de paradis, est ensorcelante dans la diabolicité de ses grâces ». Nulle plume mieux que la sienne dans Parisiennes de ce temps, n’a évoqué les Édens que nous ouvre l’art incomparablement exquis, subtil, adorable de la robe avec ses dessous vaporeux et olympiens. Il en parle en raffiné qui savoure dans les apprêts de la beauté les attentes du désir, comme moi-même, hier encore, Annie, quand j’étais à vos genoux, nos cigarettes achevant de mêler leurs spirales bleuâtres aux évanescences du crépuscule. Lentement et d’une main qui en dégustait la caresse, un à un vous détachiez les voiles fastueux qui vous gardaient jalousement et libériez à nos regards où s’entrebaisaient déjà nos âmes, la grâce exquise de votre nudité.

La robe de faille rose s’écroula en rond sur le tapis avec un bruissement de feuilles sèches et du bout de son cothurne de satin perle fendant la nuée des dessous, votre jambe gaînée d’un reflet d’opâle la balança sur le lit dans une traînée d’ambre gris. Le jupon de mousseline de soie en un doux glissement s’affaissa à son tour sur ses grands volants de Valenciennes, ruchés de crêpe