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L’ÉCRIN DU RUBIS

leur courbe pure. Un corps médiocre présenté avec art vous jette dans l’extase. Les jupes vous ont amorcés, le dessous vous semble toujours morceau de roi. Vous folâtrez avec Nana, tandis que la seule vue de Vénus vous interloque. »

L’abandon progressif d’un des charmes les plus victorieux de la Femme n’est pas ce que je déplore le moins des changements intervenus depuis dans nos mœurs. Et je priserais davantage la mode actuelle si elle eût su approprier à son style l’éblouissante parure des dessous qui fut, un demi-siècle durant, l’objet de notre plus grande coquetterie. Enchâssée dans une triple ou quadruple gaîne de satin, de soie, ou de batiste, jamais la Femme ne fut plus suavement femme qu’alors. Un art byzantin d’une psychologie subtile s’était évertué avec bonheur à faire d’elle une maîtresse d’illusion, en accumulant autour de son corps, contre les entreprises du désir et du regard, d’impénétrables nuées. Jamais Ève ne fut un tel sujet de tentation et de perdition que dans ces années où, sous une luxueuse surcharge de drapés, de sous-jupes, de jupons, de volants et de rubans, sa chair plus dissimulée à l’œil était d’autant plus sensible à l’esprit.

C’est dans ses dessous qu’une patricienne de l’élégance proclamait la noblesse de son goût. Ils étaient les armes parlantes de sa distinction. Elle savait la valeur suggestive de chacune des pièces de son déshabillé. Elle les