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L’ÉCRIN DU RUBIS

la Diane de Jean Goujon ; et il n’est vraiment rien de plus admirable et de plus adorable que cette partie du corps féminin quand, — mais combien rarement, — elle est réussie. Peu d’attraits sont comparables à celui de la jambe depuis qu’en la moulant dans un tissu de soie, on peut lui prêter toutes les nuances de la chair et d’autres encore que les femmes savent, suivant le lieu et l’heure, mettre en opposition ou en harmonie avec la couleur de leur peau. »

Ce qui n’était jusque-là, hors du boudoir et de la chambre, que l’agrément d’une surprise épiée au détour d’un mouvement imprudent, de quelque faux-pas, d’une montée ou d’une descente perfides, d’un geste calculé à bon escient, ou d’une effronterie savourant son impudence, est maintenant la libre jouissance de la plus douce des privautés. Car, ce sont les jambes et les cuisses, qui, par le privilège d’une association d’idées aussi mystérieuse que l’instinct, détiennent dans la mobilité de leurs jeux, le secret de cette séduction inexprimable des postures de l’amour, le sens profond et symbolique de sa plastique. La robe courte est le rideau à demi soulevé sur les soupirs et les agonies de l’alcôve, c’est la trahison de notre vocation amoureuse, la confidence dérobée de ce que sont nos étreintes, l’évocation des images où nous nous offrons à nos amants, le toucher des caresses dont ils vibrent sous nos agenouillements et enlacées à eux, ou dans l’anneau de chair que nous bouclons sur leurs reins.