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L’ÉCRIN DU RUBIS

satin, fard et dentelle… Son costume éloigne la pensée du corps humain pour la reporter vers on ne sait quoi d’extra-terrestre, quelque séraphin matérialisé, par exemple. Sensible à soi seule, comme une fleur qui se cultive elle-même et entretient sa beauté, elle passe éblouissante, dangereuse et inexorable à travers les hommes prosternés, elle traverse leurs désirs en relevant le bas de sa robe. Son âme reste un diamant immaculé enfermé comme un dieu dans le précieux reliquaire qu’elle est elle-même en toute sa personne. »

C’est vous, maîtresse magicienne, qui de votre voix de Sirène chantiez dans le frou-frou écumeux des blanches dentelles à travers lesquelles vous cherchaient les déclarations muettes et les serments passionnés.

Que Léon Gozlan avait raison d’écrire :

« J’ai découvert ce que c’est que l’amour : une immense curiosité, rien de plus. Si les femmes se cachaient le nez, on mourrait d’envie de voir leur nez ; on ferait des déclarations d’amour à leur nez, on leur demanderait en pleurant de se laisser baiser le bout du nez. Tout cela parce qu’elles le tiendraient caché. »

Le même sentiment dictait à Paul Hervieu cette réponse lors d’une enquête ouverte en 1903 sur la crinoline et le corset :

« Je crois que le vêtement qui rendrait à la Femme sa silhouette naturelle affaiblirait le culte que les hommes