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L’ÉCRIN DU RUBIS

tourner le mollet, creusent le jarret et arrondissent la cuisse, tantôt dans la pose allongée, tantôt dans la pose de l’équerre, tantôt une cuisse chevauchée, ou une jambe repliée sous la fesse, ces silhouettes nous font, avec toute l’illusion du procédé photographique, l’effet d’autant d’intrigues que de mystérieuses coquettes jettent à l’objectif par la déchirure d’un paravent qui les cache.

Parfois l’aguiche de ces charmants fuseaux coulés dans une soie tendue à craquer, et chaussés du brocart d’une mule falbalisée, s’agrémente au-delà du large revers où mord la double jarretelle, d’un pan de la dentelle d’une chemise-culotte ouverte par côté sur un angle de chair. Et, debout, une jambe légèrement infléchie sur la pointe du pied, on dirait autant de reines de Saba proposant à notre curiosité, derrière un rideau abaissé à mi-corps, l’énigme du soin qui les occupe à leur toilette.

Un jour, quelques-unes de ces ombres diaboliques payèrent d’audace. Écartant la tapisserie ou crevant le cadre qui leur servait d’écran, elles vinrent parader sans vergogne, sur certains catalogues, dans la grâce immodeste de leurs jeunes corps désirables, retroussées jusqu’au plus haut, offrant en de piquants déshabillés, les voluptueux abandons de Narcisse devant la séduction de leurs jambes parfaites, haut gainées du glacis de bas tissés par la main des fées.

Quel aimable libertinage qui sous le prétexte d’une