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L’ÉCRIN DU RUBIS

rouge, et d’une sensualité efféminée, délicate dans ses plaisirs, avait enfermé ses ferveurs !

Quelles délices ne réservait pas à nos amants cette stylisation qui faisait de notre corps le calice renversé d’une corolle de volants dont les doigts frémissants effeuillaient les collerettes pétalées jusqu’au plus secret de la chair ! Il faut avoir connu les savantes gradations qu’elle ménageait à la jouissance de tous les sens à travers les frondaisons du juponnage sur le chemin du paradis ; il faut avoir eu sa main sous ces épaisseurs opaques ou transparentes, semblables à ce voile du temple de Jérusalem qui tout ensemble cachait et révélait la présence de Jéhovah ; il faut avoir goûté les épices du retroussé sur une jambe longue et fine jusqu’à la neige de plis, d’entre-deux et de dentelles d’un pantalon jabotant sur le velours d’une jarretière ; joui de la surprise d’un envol de jupes sur des coins de chair, ou d’une gaîne ouvrant furtivement son sillon sur une ligne d’ombre rosée ; s’être grisé de la capiteuse senteur que la peau distille dans la cassolette de ses fines lingeries ; avoir pétri sur des empâtements de soie et de batiste la tiédeur fragrante des cuisses et des fesses ; femme, il faut avoir subi la fascination de ce mirage de blancheurs vaporeuses où nous nous apparaissions dans la glace quand de nos deux mains amoureuses nous mettions en éventail des talons à la hanche les ondes écumeuses de nos volants ; il nous faut avoir savouré nos alanguisse-