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L’ÉCRIN DU RUBIS

d’Alençon, agrémentés de rubans et de choux aux épaules et aux genoux, fouillis vaporeux du jupon, jarretières à langage chiffré, dans ces lettres, dis-je, passait le frisson de l’égoïste jouissance d’Ève aux frôlements voluptueux de ces transparences rosées.

Et je ne sais plus pour quelle Américaine, les petites fées de la rue Saint-Honoré composaient cette merveille de pantalon, baldaquiné et drapé comme l’alcôve du plus joli mystère, payé cent louis, il y a trente ans, et digne d’assortir ce jupon de quinze mille francs exposé en 1900 au Stand des Maisons de blanc. Pour achever l’harmonie de ces parures ensorcelantes qui eussent fait pâlir la beauté d’Aphrodite, un orfèvre de l’Avenue de l’Opéra œuvrait pour une jolie divette de nos Music-halls, Mlle Fagette, au prix d’un million et demi, un boléro de style Louis XV uniquement de filigrane d’or dont la souple résille se constellait de l’éclat diapré de toutes les gemmes précieuses sur un champ de perles et de diamants.

Hélas ! la garçonne et la robe courte ont emporté tous ces prestiges d’une Mode dont on pourrait dire, dans l’esprit d’un mot célèbre : Qui n’a vécu au temps du retroussé et des savants déshabillés n’a pas connu la douceur de vivre. Jamais la Femme ne fut pour ses