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L’ÉCRIN DU RUBIS

grand homme, on se disputa à prix d’or quelques-unes de ces parures les plus secrètes qui, pendant une soirée, avaient suspendu à leurs lèvres, si l’on peut dire, l’émoi enfiévré du spectateur. Un boyard offrit à Mlle Giverny quelques gros billets du pantalon dont elle était délicieusement déshabillée dans Ferdinand le Noceur. On peut croire que ce ne fut point un caprice isolé ; d’autres ont dû enrichir certaines collections de quelques chemises et culottes de Bob Walter ou de Renée de Presles qui n’en portaient pas à moins de douze à quinze cents francs la pièce. On juge de ce qu’en serait le prix aujourd’hui. — C’était encore peu comparé, paraît-il, à la somptuosité de la chemise sous laquelle Mme de Castiglione offrit ses ardeurs à Napoléon III dans sa première nuit avec lui et dont elle se voulut parée dans son cercueil, ou de celle que la Princesse de Rute accusait son bijoutier de lui avoir volée et qu’elle estimait à soixante mille francs.

D’amusantes contestations au civil entre clientes et lingères ont bien souvent entrebâillé au public la porte des alcôves les plus réputées et déplié devant lui les précieuses lingeries de l’office de Vénus. Un jour, c’étaient celles de Mlle Otéro, des chemises de gaze de soie bleue à quatre-vingt-dix francs, des pantalons assortis à quatre-vingt francs, et pour la nuit des parures de linon transparent à cent vingt francs, dont elle paradait sur des draps de satin rose. Une autre fois, c’étaient celles