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L’ÉCRIN DU RUBIS

Quand aux environs de 1875, sous des traînes démesurées et des retroussés savants, sous un épanouissement de plissés, de choux, de pompons, de jabots, d’engageantes, parmi des cascatelles de rubans, d’écharpes et de voiles perlés, se leva la splendide efflorescence de ces dessous olympiens qui donnaient à la Femme la démarche d’une déesse passant sur les flots ou les nuages, dans une auréole féerique de dentelles, de guipures, de mousselines et de tulles diaphanes et suaves, le pantalon entre dans la période de son plus grand éclat. Garni d’une frétillante manchette très froncée de Malines ou de Valenciennes, que relèvent au jarret des nœuds de ruban où des sachets dissimulés fleurent la peau d’Espagne, fermé sur les côtés par des jabots de dentelle cascadant sur les rubans qui par dessous fixent au corset un bas de soie chair, gris-perle ou noir, montant d’un soulier de satin à talon d’écaille blonde, le pantalon avec toutes les mignardises dont on varie alors la grâce de sa coupe, est devenu l’irrésistible.

Irrésistible, il n’est pas d’autre mot pour définir la séduction magique que lui emprunte notre sexe et justifier toutes les folies dont il a été la cause. On s’est ruiné pour les exigences de ce petit-maître, à la fois chérubin et roué, qui avait tous les secrets de la dame et la clé de ses trésors. Le livre si piquant de M. Georges Montorgueil sur le Déshabillé au Théâtre, est un chapitre savoureux autant que spirituel des bonnes fortunes de ce galant