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L’ÉCRIN DU RUBIS

Si beau, en effet, que soit le nu, si parfaites ses lignes et sa carnation, si délectables l’harmonie de ses parties, l’alanguissement de ses poses, la souplesse féline de ses flexions, il n’a pas l’ensorcellement de ce mundus muliebris dont Baudelaire, avec tous les gourmets de l’amour, eut le cerveau hanté. On le voit bien à l’éloquence du peu qu’il en dit à propos de Constantin Guys, le peintre des modernités du Second Empire, et à la fièvre de quelques notes de ses Journaux intimes, qui, pour informes qu’elles soient, attestent une préoccupation sensuelle tournée vers le décor extérieur de la Femme.

Ce n’est pas lui qui eût pris à son compte cette sottise de la femme de chambre de Mme du Barry, que « rien n’habille aussi bien que le nu ». Tandis qu’il célébrait « la haute spiritualité de la toilette », et considérait la parure comme le signe de noblesse de l’âme humaine, il ne voyait que dépravation dans le goût pour la simple nature où s’était abaissé un Louis XV contre qui sa maîtresse assurait, quand bon lui plaisait, le repos de sa nuit, en pimentant sa beauté de tous les artifices du maquillage. Il était, lui aussi, Baudelaire, de ces hyperextasiés de la Femme, comme les nomme M. Octave Uzanne, pour qui la volupté réside moins dans la chair que dans