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L’ÉCRIN DU RUBIS

tielles. Elle laissait à la nature le soin de débrider, sous un excès de force des images, la tension d’un état dont elle n’était plus maîtresse. Il m’arriva d’être témoin de ses défaillances subites, longtemps contenues, et je lui en pressais l’effet par le spectacle qu’elle avait de l’égarement où je succombais moi-même aussitôt que je voyais le regard de mon amie se révulser et ses jambes s’étirer et s’amollir dans leur étroit enlacement.

D’autres fois, emportée par le jeu de la comédie où elle se complaisait avec moi, et qu’à la longue, j’avais prise au sérieux, je trouvais un ragoût singulier à la faire spectatrice d’impudeurs que je lui imposais avec cette distante indifférence de jadis pour les gens de service, ainsi qu’on voit la Vénus de Titien, toute nue sous le baldaquin de son lit de repos, dans la lumière tamisée d’un bel après-midi, goûtant les doux exercices de sa main nonchalante avec une sérénité fort peu soucieuse de la présence de ses deux femmes de charge.

J’affectais d’aiguillonner en elle des concupiscences que le respect que lui commandait son rôle et la distance où la tenait le sentiment du mien, l’obligeaient à dévorer en silence. J’affichais à son égard la cruauté et le mépris de la grande Mademoiselle pour ses pages qu’elle jubilait de mettre en rut ; et comme cette honnête dame de Brantôme, prête à déroger avec son valet, je souffletai vivement Conchita un jour, qu’achevant ma toilette que j’avais voulue des plus raffinées dans ses dessous,