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L’ÉCRIN DU RUBIS

du plaisir, à la vertu suggestive des idées liées aux impressions des sens, et à la figuration des jeux et des attitudes dans l’imprécision symbolique de ses voiles odorants.

Ce Chabanon dont elle avait lu le Tableau de certaines circonstances de ma Vie, lui semblait le type même de ce témoin passif qu’elle eût recherché pour mirer dans ses extases sans partage l’émoi égoïste dont elle était à soi-même l’objet. C’est lui qui, un jour que l’amoureux désir le tenait dans les lascivetés du péché de mollesse auprès de sa Lucinde et sous les baisers qu’elle lui prodiguait pour l’arracher à son extatique langueur, l’écartait de sa main gauche en lui disant tendrement : « Laissez-moi un instant tranquille, vos caresses me distraient de mon plaisir ! »

— « Emporte avec toi mon image, m’écrivait Conchita, il y a quelque temps ; je la livre à tes désirs autant que ma personne. Sois sûre que je partagerai tout le bonheur qu’elle te fera goûter… Que je sache seulement l’instant où ton plaisir sera porté à son comble. »

Toute la volupté de ma belle amie n’était ainsi faite que du frisson des images et des curiosités d’un mystère dont elle était poursuivie avec d’autant plus de violence qu’elle resserrait davantage autour de sa chasteté une rigueur qui affamait ses sens, mais dont elle tirait les délicieux tourments d’une satisfaction sans cesse différée et d’un état continu de délectation morose.

Celle-ci lui tenait lieu de tout. Elle aimait du péché ce