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L’ÉCRIN DU RUBIS

gueil de notre élégance et qui, par son extrême richesse faisait avec le chic très simple de nos toilettes de ville un contraste d’autant plus séduisant qu’il était inattendu, les merveilles de dentelles dont s’étageaient les deux ou trois jupons parfumés que nous revêtions par dessus notre pantalon, constituaient à la jambe un décor digne de sa royale nature. L’infinie variété de ces atours dans leur coupe, leurs couleurs, leur tissu diversifiait à l’infini l’esprit, l’allure, le style de ces colonnes jumelées qui portent toutes les promesses du désir.

Le champ si vaste enfermé dans la robe longue, la multiplicité des formes dont elle-même était susceptible, depuis la crinoline la plus extravagante jusqu’à la jupe entravée, en passant par toute la série des dégradations savantes du panier, de la robe princesse, de la robe cloche, ou de la robe collante, permettaient, dans l’orbe de leur chatoyant mirage, d’enclore tout un monde de splendeurs qui n’est plus aujourd’hui que le souvenir d’un Olympe évanoui.

Tout ce qu’il réservait d’enchantement à l’imagination, ceux-là seuls qui, à cette époque, se sont mis aux genoux de la Femme, qui l’ont suivie dans la rue, qui l’ont surprise en train de rajuster sa jarretière ou de se déchausser, qui l’ont vue descendre d’un mail-coach, ou escalader une impériale d’omnibus, ramasser ses jupes pour courir, se retrousser pour gravir les marches d’un escalier, qui ont assisté à sa toilette, qui l’ont désha-