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L’ÉCRIN DU RUBIS

d’une robe, tout cela s’éclaira d’une plus vive lumière. Cette scène fortifia la vocation sensuelle de ma nature pour les enivrements du Mundus muliebris. De ce moment je compris que semblable au poème qui tire tout son charme de l’éclat dont se pare l’idée, la Femme devait le mystère qui nous prosterne devant elle, aux voiles d’illusion que nous tissons autour de ses formes et que le désir n’est que l’appel de ce prodigieux mirage, la volupté sa possession mystique par tous nos sens.

La jambe ensorcelante, cette jambe fine, longue, et nerveuse qu’a stylisée la Mode d’aujourd’hui, non pas la jambe de la statuaire classique, puissante et massive, engorgée près du pied, descendant en ligne presque droite du jarret au talon, mais la jambe au mollet fortement accusé par le délié de la cheville, la jambe que Gleyre bafoue comme jambe à bottines et de trottoir, la jambe exempte de chasteté, telle que celle de la Chloé du Bain de Prud’hon, aussi délicieuse qu’indécente, en un mot la jambe des corruptions raffinées, celle qui porte en elle toute la lubricité du corps, elle est depuis la robe courte la Femme tout entière.

Esprit, beauté, élégance, c’est en elle qu’elle se résume : ce sont ses armes.

La robe courte nous en a fait une volupté de tous les