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L’ÉCRIN DU RUBIS

nouées sur les siennes, son minois enseveli sous mes jupes opaques, ses bras passés dans mon pantalon, elle restait en extase devant la fleur mystique, ses doigts s’ébattant dans la soie de ma toison.

Alors me sentant sans résistance à son caprice, elle me retourna de trois quarts sur ma bergère, la tête collée à l’oreillette, les reins creusés, la jambe gauche en retrait sous la droite, dans la saillie de ma croupe qui tendait, ainsi pelotonnée sur moi-même, l’étroit fourreau d’une robe de linon blanc à haute bande d’incrustation de Venise sur un fond liberty. Elle me troussa non sans peine, et je n’y mis aucune complaisance que celle d’un mouvement imperceptible pour dégager le fond de ma jupe, car je voulais jusqu’au bout me retrancher dans une passivité qui me donnait le ragoût d’une douce violence. Mais de fait, je n’avais aucun soupçon de ce que me réservait Sybil, et j’en étais fort en haleine, tandis qu’elle remontait avec soin ma robe et son fourreau de soie jusqu’à la ceinture de mon pantalon. Elle en dénoua le lacet, le rabattit par derrière sur le jarret, souleva le volant de dentelle de la chemise, et se mit à picoter de baisers les joues fraîches ainsi à nu.

À cet instant et sans que j’aie jamais su comment tout cela avait été préparé, je vis entrer une accorte femme de chambre portant enveloppé dans une serviette l’instrument d’étain cher à Molière.

Confuse d’être surprise en cet état, je fis mine de me