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BENJAMIN CONSTANT

toute responsabilité, hors en des cas exceptionnels et faciles à déterminer. Il faut accorder aux écrivains éditeurs, à toute personne susceptible d’être poursuivie après la publication d’un écrit, la garantie du jugement par le jury. Enfin une loi précise et sévère contre la diffamation calmera seule les inquiétudes éveillées par la presse chez les simples particuliers.

La responsabilité des imprimeurs anéantit la liberté de la presse. Ceux-ci n’ont point les connaissances requises pour juger les ouvrages qu’ils impriment ; ils ne disposent pas même du temps nécessaire pour lire attentivement les manuscrits qui leur sont remis, afin de découvrir ce qui paraîtrait condamnable à l’esprit subtil d’un magistrat. Ils craindront toujours de se compromettre. « Qui pourrait leur en faire un crime ? Il leur faudrait une vertu plus qu’humaine pour exposer leur état, leur fortune, l’aisance de leur famille, leur liberté, leurs intérêts les plus chers enfin, en publiant ce qu’on leur présenterait comme des vérités utiles ou des réclamations courageuses. Ils n’en recueillent pas la gloire, ils n’en voudront pas courir le danger (1). »

Déclarer les imprimeurs complices des délits

(1) B. Constant, Questions sur la législation de la presse. Politique constitutionnelle, t. I, p. 552.