ment honni des maniaques, de ses élèves et de ses infirmiers.
La plupart des marchands de soupe qui détiennent un sanatorium comme ils auraient la gérance d’un casino, d’un cercle ou d’un café-concert, pratiquent la guérison lente. Ils s’accommodent pour que l’opération marche avec un laisser-aller profitable. On y ménage si élégamment les gradations que parfois le malade qui, à son entrée dans l’emporium, prenait une dose minime de poison, a doublé, triplé, décuplé sa provende, après quelques semaines, pour le plus grand contentement du tenancier. Ces sortes de maisons, à l’ordinaire, sont fort agréables. On y rencontre des hommes sans scrupules et des femmes sans maris. La chère est savoureuse, les vins potables, la compagnie indulgente, le parc ombreux et ratissé. On flirte, on danse, et l’on décaméronne à dire d’experts, chaque malade étant d’ailleurs pourvu d’une solution vigoureuse et d’un outillage perfectionné. Le médecin en chef accorde à sa clientèle autant de plein air et de liberté