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chapitre xii



Genus irritabile vatum.



L’infortune semble frapper les poètes et les artistes avec une fatale inexorabilité. Il est peu de poètes, de vrais poètes qui n’aient vécu dans la douleur. Nous voyons le vieil Homère aveugle errant de ville en ville et A. Chénier, un autre infortuné, lui met dans la bouche des paroles amères sur l’injustice des hommes :

Enfants, du rossignol la voix pure et légère
N’a jamais apaisé le vautour sanguinaire.
Et les riches, grossiers, avares, insolents,
N’ont point une âme ouverte à sentir les talents.

Et ailleurs :

Cymé, puisque tes fils dédaignent Mnémosine,
Puisqu’ils ont fait outrage à la muse divine,