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Toi, ton Étoile et ta colombe
Dégringolent dans l’Éternité.
Tu dois en avoir d’l’amertume.

Ainsi des fois, quand la neig’ tombe,
On croirait tes ang’s qui s’déplument !
Bah ! vient un temps où tout s’fait vieux,
Et les plus baths chos’s perd’t leurs charmes
Oh ! v’là qu’tu pleur’s et des vraies larmes,
Tout va s’écrouler, nom de Dieu !

Et comme l’ivrogne, surexcité, adjure le Christ de refaire un miracle et de renouveler la face du monde, le jour naît et le soûlot s’aperçoit que l’homme divin

C’était lui qui s’était collé
D’vant un miroir de marchand d’vins.
On perd son temps à s’engueuler !

Les décadents de nos jours, comme ceux de toutes les époques, sont plutôt des mystiques et des tristes. En parcourant les œuvres des petits poetœ minores contemporains, j’ai plutôt recueilli une impression de tristesse et de découragement. À part quelques coups de clairon sonores donnés par les meilleurs, les vrais, les forts, on pourrait presque dire que toute la pléiade pleure ou gémit. L’un d’eux déclare :

J’ai cru voir ma tristesse
Et je l’ai vue.
Elle était nue,