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polissait comme des pierres précieuses le mystique Sidoine Apollinaire :

Pistigero quæ concha vehit Triton Cytherem
Hac sibi collata cedere non dubitet,
Poscimus, inclina paulisper culmen herile,
Et munus parvum, magna patrona, cape.

Plus tard, dans une autre langue, Alphonse de Liguori avait encore de ces mignardises :

La guance di rose
Mi rubano il core :
O Dio ! che si more
Quest alma per te
Mi sforza a baciarti
Un labbro si raro :
Perdonami, caro,
No posso piu, no.

Ils ne manquent pas non plus à notre époque tous ces poètes de pacotille, maniérés, alambiqués, pédantesques, comiques et lamentables, qui transforment en jargon grotesque notre belle langue française.

M. Jean Moréas lui-même est loin d’être à l’abri de la critique. S’il a eu quelques élans, s’il a ciselé quelques strophes élégantes et sonores, écoutez ceci :

Pour consoler mon cœur des trahisons
Je veux chanter en de nobles chansons,
Les doctes filles de Nérée :
Glaucé, Cymothoé, Thoé,