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chantés par des voix d’eunuques ». On trouve dans l’anthologie : « L’amour mouillé », « L’amour noyé », « L’amour oiseau », « L’amour prisonnier », « L’amour laboureur », « L’amour chasseur », « L’amour écolier », « L’amour à vendre », et d’autres encore. « Ce ne sont, dit encore Paul de Saint-Victor, que niches à Vénus, bouquets à Chloé, ex-votos de Cythère, cœurs en brochette, madrigaux mignards, vignettes libertines. Le miel corrompu coule à pleins bords, on marche jusqu’aux genoux dans les fleurettes artificielles de la décadence ».

Il en est à peu près de même pour les poètes de la décadence latine. Quand il ne nous entretient pas de ses misères amoureuses, Catulle pleure la mort du moineau favori de Lesbie :

Lugete, o Veneres Cupidinesque
Et quantum est hominum venustiorum !
Passer mortuus est meæ puellæ,
Passer, deliciæ meæ puellæ,
Quem plus illa oculis suis amabat.

Adrien mourant adresse à son âme ces versiculets tremblottants :

Animula ! vagula, blandula,
Hospes comesque corporis,
Quæ nunc abibis in loca,
Pallidula, rigida, nudula,
Nec, ut soles, dabis jocos.

Tels sont encore les précieux dystiques que