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Voici les faux qui volent, volent,
Comme un souple balancier
D’acier,
Volent, volent, volent.
Pauvres nous et pauvre moi !
Âpre loi
Dont nos rêves se souviennent !
Les clairs faux vont et viennent.
Le croissant fin du métal,
Jeu brutal !
Meurtrit les javelles blondes.

Les poètes en arrivent ainsi à versifier sur les sujets les plus minimes et les plus ténus. Toute l’anthologie grecque est remplie de ces productions, mignardises brodées sur des sujets insignifiants. Seul Méléagre a su conserver un peu de la vénusté grecque. Cette épitaphe semble tracée du bout du doigt sur la poussière d’un tombeau : « O terre, mère universelle, salut ! sois légère maintenant pour Aisigène : elle a si peu pesé sur toi ! »

Tout le reste de l’anthologie n’est que rococo et Pompadour. « Les raffinements de la pensée et du langage, dit Paul de Saint-Victor, amollirent la noble muse de Pindare ; les subtilités l’étiolèrent, la galanterie l’affadit. » La littérature transportée d’Athènes à Alexandrie, y fut prise du mauvais goût asiatique. C’est l’époque des petits poètes qui fourmillaient à la cour des Ptolémées et des Séleucides, « vrais musiciens du sérail, dont les vers semblent faits pour être