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traits de ses trois fils, Constantin, Constance et Constant. Ce groupe, en porphyre, avait trois corps, six jambes et six bras ; mais il n’avait qu’une seule tête qui, selon le point de vue où se plaçait le spectateur, offrait alternativement la ressemblance des trois frères. Cela constituait une adresse mécanique, un travail d’optique, mais n’avait plus rien à voir avec l’art.

Il en est de même de certaines poésies contemporaines qui ne sont plus que des jeux de patience, des mots sonores assemblés en vue du rythme sans se préoccuper de l’idée. Telle est la poésie suivante de M. P.-M. André :

Du linge neige
Sur les prés verts,
Tandis qu’autour le vent arpège
Des sons clairs.
Se convulsé, au vent, le linge
Blanc comme neige.
Les prés dorment calmes et verts
Sous le soleil aux rayons clairs

Cette autre de M. Trahsel n’est qu’un enfantillage prétentieux :

Je rêve et je danse, la danse de la volupté,
La danse de la volupté …
Voyez les courbes de ma jambe
Et le bas de mon ventre,
Et le bas de mon ventre !
Je meurs d’amour, je meurs, je meurs
D’amour …