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âme, fait étal de ses péchés, jette ses vices à la face du public comme un défi. Écoutez :

Je le crois bien qu’ils ont la pleine plénitude,
Et pour combler leurs vœux, chacun d’eux tour à tour
Fait l’action suprême, a la parfaite extase,
— Tantôt la coupe ou la bouche et tantôt le vase —
Pâmé comme la nuit, fervent comme le jour.
Leurs beaux ébats sont grands et gais. Pas de ces crises :
Vapeurs, nerfs. Non, des jeux courageux, puis d’heureux
Bras las autour du cou, pour de moins langoureux
Qu’étroits sommeils à deux, tout coupés de reprises.
Dormez les amoureux ! Tandis qu’autour de vous
Le monde inattentif aux choses délicates,
Bruit ou git en somnolences scélérates,
Sans même, il est si bête, être de vous jaloux.

C’est maintenant de la folie pure. Ajoutez qu’à côté de ces turpitudes ciselées dans Parallèlement, M. Verlaine donnait des vers d’un mysticisme étrange et adorable. Certes, je ne veux pas dire et je n’ai jamais pensé que M. Verlaine fut un aliéné et, à mon sens, ce fut plutôt un détraqué de génie, un progénéré qu’un dégénéré, mais avec d’étranges écarts et d’étranges faiblesses.

Je n’ai jamais observé le délire mystique chez un aliéné sans une nuance plus ou moins prononcée d’érotisme. C’est là un fait constant et connu de tous les médecins aliénistes.

Il est vrai que Verlaine n’est pas seul. Horace