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Fraîcheur enfin de bras endormis et rêveurs
Autour de mes épaules,
Palpitants et si doux d’étreinte à mes ferveurs
Toutes à leurs grands rôles,

Que je ne sais quoi pleure en moi, peine et plaisir,
Plaisir fou, chaste peine,
Et que je ne puis mieux assouvir le désir
De quoi mon âme est pleine,

Qu’en des baisers plus langoureux et plus ardents
Sur le glorieux buste,
Non sans un sentiment comme un peu triste
Dans l’extase comme auguste !

Et maintenant vers l’ombre blanche — et noire un peu —
L’amour, il peut détendre
Plus par en bas et plus intime en son fier jeu
Dès lors naïf et tendre.

Jusqu’ici, en tenant compte de l’exagération inhérente à toute poésie et dont il faut forcément tenir compte dans toute juste appréciation, il n’y a rien que de normal. Mais écoutez ceci :

L’une avait quinze ans, l’autre en avait seize ;
Toutes deux dormaient dans la même chambre, —
C’était par un soir très lourd de septembre ; —
Frêles ; des yeux bleus, des rougeurs de braise.

Chacune a quitté, pour se mettre à l’aise,
La fine chemise au frais parfum d’ambre.
La plus jeune étend les bras, et se cambre ;
Et sa sœur, les mains sur les seins, la baise,