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soleils couchants, le bruit formidable du tonnerre grondant dans l’étendue, la senteur du foin apportée par la brise, moins que cela, une rose qui s’ouvre, un lys fané qui se penche,

Un chant d’oiseaux, un bruit de feuilles remuées,
Un rayon de lune argentant les nuées.
Le papillon doré voltigeant sur les fleurs,
Le murmure du vent dans les saules pleureurs,
L’Océan qui rugit en embrassant les grèves.

Et M. Pauly, un débutant qui peut ainsi être pris comme terme de comparaison, continue :

Son âme est avec l’eau qu’elle suit dans son cours,
Il cause avec la fleur, il interroge l’herbe,
Il préfère la mousse au grand arbre superbe,
Il erre échevelé, le soir, au fond des bois,
Écoutant le zéphir, mystérieuse voix ;
Une fleur, un fraisier, un rien le rendrait ivre,
Et l’univers entier n’est qu’un immense livre,
Où son esprit pensif lit la création.

Le poète voit une foule de choses ravissantes, là où tant d’autres ne voient rien.

Son œil plonge plus loin que le monde réel,
Son âme est une tente, il en ouvre les toiles,
Dans les fleurs de nos champs son cœur voit des étoiles,
Dans les étoiles d’or les fleurs de l’infini.

Quand il parle d’amour, on dirait qu’il est ivre.