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Il surgira du cœur de l’imanent mystère,
Parmi le soir pensif ou le matin léger.
Ses beaux pieds marcheront sur le sol de la terre
D’un pas calme de surnaturel étranger.
Il naîtra : Je l’attends. Dans les ondes énormes
Où la lumière astrale pour l’éternité
Roule tous les reflets tourbillonnants des formes,
J’ai vu l’image aurorale de sa beauté.
Il est éblouissant de jeunesse et de force.
Il a parlé peut-être avec les dieux. Les vents
Sont enivrés de boire, à la chair de son torse,
Le parfums des lilas et des âmes d’enfants.
Il a la grâce d’un navire à toutes voiles,
Où des oiseaux perdus trouvèrent un appui.
Ses yeux sont radieux d’avoir vu les étoiles
Et sombres d’avoir vu les hommes d’aujourd’hui.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

S’il passe parmi nous, les foules égoïstes

Sentent un souffle étrange en leurs sens maîtrisés.
Les hommes sont pensifs ; les femmes, un peu tristes,
Songent à la douceur d’impossibles baisers.

Cette sorte d’archaïsme est très nettement caractérisé chez M. Laurent Tailhade qui en abuse. Il parle quelque part de :

L’orgue éployant le vol clair des antiphonaires.

Même tendance dans L’Idole de M. Stuart Merril.

Lisez :

Roide en la chape d’or qui lui moule le torse,
L’Idole dont les doigts coruscants de rubis
S’incrustent sur le sceptre et le globe de force,