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Du passé,
L’honneur des grands,
Le souvenir de l’éternité
L’accomplissement
De mes dévouements,
Le châtiment
Des calices célestes,
La honte des enfers,
Enseveli dans l’ombre
De mes bienfaits.

Aujourd’hui
Me voilà grandi
Des honneurs de l’espérance.
Je raviverai la honte
Du passé
Au grand scandale
De l’avenir.

Voilà de la poésie qui s’affranchit carrément des rythmes et des lois.

On peut dire que ces prétendus vers sont coulés dans des moules nouveaux et très réalistement vrais, d’autant mieux que celui qui les a composés n’a jamais connu la prosodie. C’était un pauvre jardinier, très ignorant et très simple, qui se figura tout à coup qu’il était frère de Jésus-Christ et, par suite, appelé à prêcher un nouvel Évangile. Dans ses moments d’exaltation, il composait ces sortes de poésies décousues et qui, au point de vue de l’expression des idées principalement, offrent, comme on voit, de grandes analogies avec les productions des décadents.